Protégé des vents du nord et de l’ouest par une série de collines, le site, formant un petit mamelon artificiel par suite de son effondrement, est entouré de terres destinées aux grandes cultures qui continuent à engloutir les structures par les dépôts annuels d’argiles. Il conserve la source d’Aïn elNaia qui fait partie du haut bassin versant de l’oued elZaouïa. On a construit une ferme moderne à proximité de l’établissement antique profitant de la fertilité de la terre et de l’abondance de l’eau.
L’établissement semble contenir quatre corps:
- Le premier est un réservoir d’eau rectangulaire (16,7 x 10,4 m) construit sur un terrain en pente d’ouest vers l’est. L’intérieur, rempli de terre déplacée, est revêtu en enduit étanche de tuileau et divisé en au moins trois bassins à angles arrondis. L’extérieur se distingue par des contreforts angulaires disposés en diagonale.
- Le second corps comprend une série de citernes qui assurent le rôle de basis villae et conservent trois contreforts sur le côté sud pour contrebalancer la pression de l’eau. Les contreforts sont construits en opus vittatum de moellons de calcaire gris et de grès jaune avec des blocs équerrés dans les angles. Certains blocs sont bossés et certains semblent être réutilisés.
- Le troisième corps est construit aussi sur des citernes. La première citerne, dont les murs latéraux présentent des brèches à cause du glissement du terrain, conserve sa lunette, les traces du coffrage à base d’un couchis de roseaux (recueillis auprès de la voisine source d’Aïn en-Naia? de Vos 2008, 274, fig. 14) et un canal qui traverse l’imposte de la voûte près de l’angle arrondi conduisant ainsi l’eau de pluie à l’intérieur de la citerne. Une seconde citerne constituant un avant-corps au nord de la ferme, conserve des angles arrondis à l’intérieur et une fenêtre d’aération insérée dans le mur extérieur en opus vittatum. La zone au nord montre la partie supérieure d’un mur rasé à même le sol (de l’enceinte ou maceria côté vallée?). Il reste encore une autre série de citernes dont les voûtes sont disposées en direction perpendiculaire par rapport aux citernes décrites ci-dessus.
La partie supérieure du troisième corps comporte une presse munie de maie et d’un bloc d’ancrage (largeur de 2,05 m) supporté par deux orthostates in situ. Le diamètre intérieur (m 1,60) du canal circulaire de la maie donne une idée du diamètre des scourtins contenant les olives. Le contrepoids (manquant) peut avoir été déplacé dans l’oued en dessous. La maie très usée et cassée dont la rigole circulaire n’est pas conservée entièrement, est intégrée avec une petite dalle de pierre dans le tronçon proche du bloc d’ancrage. Le secteur ouest de la pièce est assez grand pour loger une seconde presse. Le bloc d’ancrage, cassé en deux en correspondance de l’encoche, déplacé à une époque tardive dans l’annexe sud, aurait pu être placé ici à l’origine. La pièce à l’ouest de la presse, conserve un pavement en mosaïque blanche, un bloc d’ancrage (fragmentaire) dans la partie nord, un seuil et deux montants nécessaires pour les différentes manœuvres de pressage. Elle aurait pu être une pièce de service comme dans le cas des pressoirs des sites 249 et 329 (de Vos 2008, 273-4, fig. 17). Des tesselles de mosaïque noires, ses fragments de dalles épaisses de marbre grec (cipollino) et un fragment d’enduit peint sont trouvés à l’est de l’annexe sud et témoignent de la vie de luxe de cet établissement rural.
- Le quatrième corps est une annexe de l’époque tardive, dont les orthostates sont alignés avec précision. Le mur sud conserve une inscription libyque réutilisée (RIL 7 n. 11; Ghaki 1997, 32; de Vos 1997, 204, pl. 20.1); elle est gravée sur un parallélépipède avec des bords saillants lisses. Le complexe plein de boue ne montre pas toutes les articulations internes. À l’extrémité sud du mur à l’est un bloc d’ancrage se trouve in situ sur ses supports. Le bloc d’ancrage est cassé en deux en correspondance de l’encoche. Le grand orthostate qui est toujours debout dans l’annexe près de la presse avec la maie in situ conserve le contour non-creusé de l’encoche en forme de queue d’aronde pour recevoir le levier. Il était destiné à devenir un bloc d’ancrage (de Vos 2008, 278, fig. 23). Encore une confirmation de l’hypothèse que la finition des éléments calcaires une fois consignés au chantier avait lieu généralement sur place, v. site 47.
Une dalle de pierre en calcaire blanc avec une partie de rigole circulaire se trouve près de l’inscription libyque. Une dalle similaire est déposée sous le pont-aqueduc site 50 (situé à 100 m au nord). Elles pourraient avoir fait partie de la même maie. Dans le tas de pierres accumulées par les agriculteurs près de l’éperon nord-ouest pour épierrer les champs arables on note l’extrémité d’un milliaire difficile à lire. On a trouvé à la surface aussi une dalle moulurée, un fragment d’une fenêtre à claire-voie en calcaire blanc et des fragments de deux meules manuelles courantes – l’un en calcaire blanc très poreux de type travertin et l’autre en calcaire nummulithique – et de quatre catilli, dont deux en lave rouge de Mulargia et deux en lave noire.
Carton 1895, 362-3:
Carton 1895, 219:
de Vos and Attoui 2013, 48.
de Vos and Attoui 2015, 94-95.
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