Vallée de l’oued ech-Chabeur ou Morra, affluent de l’oued Melah. L’affluent tombe par une dénivellation considérable du djebel Bou Khoubza (à partir de 800 m sur 1.3 km, donc par une pente de 17%). À 969.74 m à l’est du bassin de captage (site 310), à 187.99 m du regard (site 199).

Le specus avant d’arriver au pont devait faire un angle obtus. La hauteur au-dessus du niveau de la mer du sommet du pont côté ouest est de 576,51 m, du côté oriental de 576,76 m. Sur le pont le specus est supporté par une robuste arche qui franchit la vallée de l’affluent de l’oued ech-Chabeur. Le pont est fondé sur un barrage à redans visible au côté est, une mesure très efficace et durable contre l’érosion, semblable au procédé des ‘jessour’ des oasis tunisiennes (Hilali 2011). Vitruve (1.5.1: crassitudine ampliore quam parietum qui supra terram sunt futuri) conseille en effet de construire la fondation plus large que le mur qui s’élèvera au-dessus. Le barrage semble installé directement sur des affleurements de roche (cf. Vitruve 1,5,1 et 3,4,1, à propos des fondations, conseille de creuser jusqu’au fond solide uti fodiantur… ad solidum) aujourd’hui cachés par les alluvions de l’oued. Le barrage et la base des piles sont parementés de moyen appareil de blocs équarris bossés de calcaire blanc, l’intérieur des piles est parementé d’opus vittatum très soigné à moellons parallélépipédiques de calcaire gris. Par contre, l’extérieur des piles est en opus vittatum à moellons moins réguliers de calcaire blanc avec ça et là un moellon de grès jaune. Les joints de mortier sont pleins et débordent sur le côté inférieur des blocs (fig. à p. 103 et 106). Des dalles saillantes de calcaire blanc sont insérées au sommier de la retombée de l’arc pour appuyer le cintre. Le bord inférieur de la dalle ouest de la culée nord présente des saignées de carrière. La voûte présente des empreintes des planchers du cintre où elle est conservée sur la culée est; le reste s’est écroulé. L’angle sud de la pile orientale et l’angle nord de la pile occidentale sont en grand appareil à bossage; elles sont arrondies pour se lier à l’aile. Des quatre murs en aile en amont et en aval du pont, celui au sud-ouest est enterré, celui au sud-est bien conservé; bien qu’il soit légèrement glissé et déplacé au niveau du lit de l’oued par respect du mur en aile attaché à la culée, il présente une rangée de blocs juxtaposés à la base du mur dont il ne reste que le blocage ou l’opus caementicum et le parement du côté où le mur est enterré. Les deux murs en aile en amont sont détruits, en effet l’opus caementicium de l’intérieur des culées est visible là où les ailes étaient attachées.¹ Le figuier qui s’est planté au milieu de la culée sud est en train de détériorer gravement la structure. La surface en grand appareil du barrage est couverte d’incrustation de calcaire.

Un mur isolé en face à l’ouest de la culée sud avait probablement la fonction de diriger le ruisseau dans la direction du centre de l’arche.² Dans la vue du pont, voir la figure 1 de Carton 1893 Pl. II, les murs en aile ont été supprimés et les dalles saillantes qui ont été insérées seulement au sommier de la retombée de l’arc, continuent dans les culées sur le dessin.

Au nord de la culée nord une portion du specus est conservée. Le bas-fond et le mur ouest sont encore revêtus d’enduit de tuileau.

[1] Le pont (site 370) à henchir Guettar est également pourvu de murs en aile, ils sont parementés de grand appareil bossé. V. Galliazzo 1994, 437 (Béja), 442 (Chemtou), 127 (Bologne), 327-8 (Espagne), 330 (Turquie) pour des murs en aile similaires.

[2] Galliazzo 1995, 295.

Carton and Denis 1893, Pl. II, fig. 1 pont et barrage, plan et vue.

Carton 1897, 58:

de Vos, Attoui and Battisti 2013, 24.

de Vos 2000, 30, fig. 45, 85-87.