Toponyme

Bordj Bellamine, Bordj el-Aïn

Emplacement

36.42° N, 9.221° E, h. 515 m.

Sur la piste de descente de l’ouest vers l’est dans la vallée de l’oued Ben Nsira, affluent du Khalled; le monument est situé sur une terrasse naturelle en face d’une source.

Définition Monument funéraire en demi-cercle.

Description

Tombe à podium semi-circulaire à camera construite en opus africanum de grands blocs parallélépipédiques dans les angles et de deux chaînes verticales dans le mur droit sur le côté ouest. Le remplissage entre les chaînes est d’opus vittatum. Les deux chaînes soutiennent les segments de voûtes à l’intérieur de la chambre funéraire. Des trous d’échafaudage épargnés dans le vittatum sont surmontés par des ‘linteaux’ trois fois plus longs que les autres moellons du vittatum. L’angle sud-ouest s’est écroulé entre 1994 et 1999. Le monument funéraire semi-circulaire conservé sur une hauteur de 5 m se compose de deux étages. Le podium accessible par une porte trilithe à l’est est constitué d’une pièce semi-circulaire couverte d’un système complexe de voûtes: une voûte en berceau centrale est flanquée de voûtes d’arêtes, les murs sont articulés par une série de niches voûtées et épargnées dans l’épaisseur des murs pour le dépôt d’ollae cinéraires (‘columbarium’). Une grande partie de la paroi semi-circulaire et la partie centrale de la paroi droite ont été restaurées dans les temps modernes pour convertir le monument en étable, déjà vue par Carton 1895. Les niches modernes se distinguent des niches originales par leur plan carré. Le nombre de niches des temps anciens devait être d’au moins de huit. Carton assume qu’il y eût une double rangée étant donné qu’il y a une niche carrée à la rangée supérieure, mais celle-ci contient une niche carrée (ou plutôt fenêtre?) datant de l’époque moderne. La porte d’entrée trilithe n’est pas au centre de la paroi semi-circulaire: si cette disposition était intentionnelle, on a voulu favoriser une des six niches dans le mur droit du fond, pour qu’elle puisse contenir les cendres du propriétaire-constructeur du monument.1

Le podium avec une porte à l’est, vers l’établissement (site 31), constitue la base d’une exèdre semi-circulaire ouverte vers l’ouest construite en opus vittatum avec de longs blocs rectangulaires dans les antes. L’angle sudouest et une partie du mur semi-circulaire au-dessus se sont écroulés entre 1994-2000. L’épaisseur du mur de l’étage supérieur justifie la présence d’une calotte absidale. Le pavement est en opus signinum. Le tombeau aurait pu délimiter le terrain de l’établissement du site 31. Situé près d’une source dont l’eau a été canalisée et amenée à la ferme site 31 pour profiter de la dénivellation de 45 m, le tombeau monumental semble appartenir aux occupants de la ferme sous-jacente. Près du tombeau a été retrouvée l’épitaphe de Mundicia Fortunat[a] sacerdo[s].

L’enceinte à l’ouest de la façade ouest qui pouvait avoir contenu le jardin a été rasée à même le sol. La forme semicirculaire rappelle le mausolée du site 66. Les deux fragments de sarcophages jetés dans la vallée sous le tombeau dans la direction de l’établissement (site 31) et le sarcophage réutilisé comme collecteur de l’eau de la source site 114 peuvent provenir du monument (site 38).

- Le monument funéraire à podium semi-circulaire élevé et inaccessible aux passants, est un exemple des prototypes de quelques tombeaux le long de la Via Appia et du tombeau d’Eumachia le long de la Via di Nocera à Pompéi (Kockel 1983, 20; Hesberg 1992, 164-70).

Mobilier:

Fragment de catillus en calcaire nummulithique blanc à encoche au bord supérieur extérieur; fragment de la plinthe moulurée d’un cippe funéraire à deux cantons.

 

Hitchner 1990, 244. Considère les cimetières situés à proximité des divisions naturelles du paysage, tels ravins ou falaises, comme des indicateurs territoriaux d’‘espace positif’: ils confirment la limite de la propriété dans leur rôle de symbole du patrimoine et de généalogie.

 

 

[1] Axialité architecturale comme indicateur de hiérarchie: Eck 1987, 68.

Citations site

Carton 1895, 151 et fig. 47 (plan); 154:

"Bordj el Aïn situé un peu plus loin, possède un columbarium de forme demicylindrique en pierre de taille, dont l’intérieur a été remanié par les Musulmans. À l’intérieur sont douze niches, disposées sur deux rangées, sept d’entre elles sont arrondies en haut, les cinq autres ont une ouverture rectangulaire. Ces dernières paraissent avoir été arrangées par les indigènes. La porte existe encore, ainsi que la voûte. Il avait un étage dont le sol était revêtu de ciment de tuileau, peint en rouge. La hauteur actuelle du monument est d’environ cinq mètres. La porte a 1m,70 de hauteur. Sur l’une des pierres qui l’entourent, on lit: n° 277 D(is) M(anibus) s(acrum) / Mundicia / Fortunat[a] / sacerdo[s] / ... La source située un peu au-dessus coule dans un aqueduc antique, dont les caniveaux en pierre sont encore en place."

de Vos and Attoui 2013, 42.

Poinssot 1911, 71 n. 851 (ad 291).

Bibliographie

Carton, L. B. C. (1895). Découvertes épigraphiques et archéologiques faites en Tunisie (région de Dougga). Paris: Leroux. Bibtex
de Vos, M. and R. Attoui (2013). Rus Africum. Tome I: Le paysage rural antique autour de Dougga et Téboursouk: cartographie, relévés et chronologie des établissements. Bibliotheca Archaeologica, 30. Bari: Edipuglia. Bibtex
Hitchner, R. B. (1990). «The Kasserine Archaeological Survey 1987». In: Antiquités africaines 26, pp. 231-44. Bibtex
Poinssot, L. (1911). «Les inscriptions de Thugga. Textes privés». In: Revue Tunisienne 18, pp. 64-75, 169-177, 266-271, 338-349, 434-447, 506-515. Bibtex

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