Toponym

Henchir Guerouachi, Kouch Batia / Gouch el Batia, Thi(mida?) Bure / Res p(ublica) municipii Thim() Bure / Thimida Bure

Location

36.49° N, 9.154° E, h. 706 m.

À l’ouest du col de la vallée de l’oued Khalled et de l’oued Medjerda.

Description

Le site fréquenté pendant la préhistoire et l’époque romaine est installé sur un petit plateau au pied de la pente escarpée du promontoire nord (790 snm) du djebel Gorraa et domine le passage entre les deux vallées; au nord il est protégé par la paroi rocheuse du djebel et dans les autres directions par des pentes raides, qui donnent naissance aux sources Aïn al-Hajr, Aïn al-Gasa, Aïn Dar al-Hamra, autant facteurs décisifs en faveur de l’hypothèse que la zone a été habitée par l’homme de tout temps. Un outil du Paléolithique Inférieur a été trouvé auprès de la piste à l’ouest de la nécropole de 75 dolmens sur le plateau nord-est du djebel Gorraa (site 545). Carton suppose que l’habitat de cette nécropole a été occupé ultérieurement par la cité romaine. Trois haouanet, chacun à une chambre, ont été creusés dans l’escarpement rocheux nord-est du djebel Gorraa qui surmonte le site 498.

- La cité se trouve au pied d’une colline, une espèce d’acropole, qui vers la Medjerda présente les restes d’un double mur à sec de terrassement en appareil à blocs en calcaire et empilages d’opus vittatum. Le mur de terrassement supérieur a été construit sur le bord rocheux de la colline, auprès de la carrière de pierre calcaire qui est utilisée pour la construction de la cité et de son enceinte. Le mur appartient aussi au système de citernes longues et étroites sur l’acropole, facilitant la pression sur l’eau débitée aux habitants du centre de la cité en bas. Des saignées de carrière sont evidentes sur le massif calcaire affleurant à l’est du site.

En bordure ouest de l’acropole un long mur en opus africanum et opus vittatum de grand module conserve sept chaînes verticales d’orthostates. Le mur perpendiculaire nord est arasé à fleur de sol. La fonction de la construction n’est pas évidente.

La zone au nord de la ferme était occupée par une structure avec au moins deux colonnes lisses, qui pourraient avoir appartenu à un temple orienté sur la vallée de la Medjerda.

- À l’est de la ferme se trouve un bloc d’ancrage muni d’une encoche à queue d’aronde transpercée à fond, qui a été réutilisé en verticale comme orthostate. Un autre orthostate est constitué d’un montant de pressoir renversé, muni d’une encoche transpercé à fond en forme de T. Ce type de montant est commun dans les huileries de la Tunisie centrale, par exemple AATun, feuille 68, Ksar Tlili, site 37; il n’est pas attesté dans la Tunisie du Nord. Le bout d’un contrepoids remployé en position verticale émerge à la surface dans cette zone. Probablement un torcularium qui existait dans ce quartier de la cité, a été démonté à l’époque tardive ou byzantine.

- Deux arcs espacés seulement de 37m et disposés presque parallèlement ont dû délimiter l’espace du forum de la cité. Les arcs sont construits avec des voussoirs soigneusement taillés, en forme de trapèze sans mortier. L’arc nord conserve une assise en plus, un long monolithe parallélépipède couvre les voussoirs muni d’ un couronnement saillant. Il est composé de bas en haut d’une corniche à dentelles, une corniche à oves alternés avec des flèches et une corniche à caissons ornés de fleurons. Les caissons sont séparés par des modillons soutenus par une feuille d’acanthe.

- Des murs d’une structure perpendiculaires à la colline s’élèvent sur la raide pente au nord de la ferme moderne orientée sur la vallée de la Medjerda ainsi qu’un torcularium muni d’un contrepoids maintenant renversé à demipente. Vers l’est un pan de l’enceinte des murs de la cité est construit en pierres polygonales sèches.

- Le bord de la pente nord est renforcé par un épais mur de soutènement flanqué d’une citerne sur le plateau de la cité et sur la pente raide de substructions vides couvertes de voûtes et utilisées comme citernes. La citerne au niveau de la cité est construite en opus africanum conservant l’extrados revêtu en mosaïque de tesselles blanches de forme rectangulaire de grand module, probablement le pavement d’un torcularium, vu la presence d’une maie, d’un bloc d’ancrage et d’un contrepoids fragmentaires parmi les spolia déposés sur les bords de la citerne, probablement à l’époque byzantine.

- L’angle nord-ouest de l’établissement est occupé d’un édifice à deux pièces séparées seulement par un arc de moellons rectangulaires qui sert aussi au soutènement de la voûte construite en éclats de grès, mis en rayons. Le mur ouest suspendu sur la pente de la pièce orientée vers la vallée est courbé à l’intérieur et droit à l’extérieur. La maçonnerie se distingue du type habituel: elle est plus grossière, les moellons sont de taille inégale, les assises pas tout à fait horizontales; on a utilisé du grès poreux, plus perméable au mortier et résistant aux agents atmosphériques. La fonction de l’édifice n’est pas évidente. Le courbe ouest n’est pas une vraie abside; volontiers on placerait ici les deux éléments architectoniques en calcaire blanc effondrés en bas, auprès de la source Aïn Dar alHamra, un arc monolithe décoré de deux paons vus de profile, les têtes tendues vers le centre de l’arc et une clef de voûte décorée de deux oiseaux en position symétrique, les têtes tendues vers une couronne au centre qui renferme le chrismon. Couronne et chrismon sont dessinés par deux lignes parallèles. La couronne est articulée par un chevron qui suggère la nature végétale et en bas flottent en l’air les deux extrémités du ruban qui relient la couronne soutenue par l’arc gravé dans la partie basse de la clef. L’oiseau à droite est un pigeon, celui-ci à gauche un corbeau. Ici la dalle rectangulaire avec l’inscription CIL 8.1470 = 15427 est réutilisée pour faciliter l’accès à la source.

- Au quartier sud-est de l’établissement la piste d’accès au site coupe les murs d’un torcularium, dont le contrepoids et les orthostates alignés émergent à la surface. Le contrepoids est taillé et dépourvu de la joue et d’un bout.

- Les structures élevées jadis dans le centre de la cité ont été tellement remaniées et/ou restaurées pendant l’époque tardive, byzantine et moderne qu’il est difficile d’interpréter les vestiges à la surface sans les fouiller. Au centre du plateau de la cité, une structure conserve des murs en double appareil de blocs remployés vraisemblablement à l’époque byzantine; un haut orthostate et un caniveau remployé en position verticale appartiennent à cette structure.

- Dans une autre structure similaire, près de la ferme moderne on a remployé un linteau d’ancrage. Beaucoup de seuils, montants, linteaux, caniveaux et corniches moulurées se trouvent épars sur le terrain et accumulés parmi l’amas de pierres au centre de la cité. Un linteau présente trois trous circulaires dans le ressaut destinés au logement des barreaux. Des rainures creusées sur deux faces juxtaposées d’un pilier couronné d’une espèce de chapiteau dorique, étaient destinées au logement de deux dalles verticales d’une fontaine.

Mobilier Un fragment de meule manuelle dormante en lave vésiculaire noire et un fragment de meule manuelle courante en calcaire nummulithique blanc.

Citations of the site

Carton 1895, 284-7.

Desanges et alii 2010, 249-50.

de Vos and Attoui 2013, 137.

Espérandieu 1890, 478-9.

Graueb et alii 1987, 43-5.

Bibliography

Carton, L. B. C. (1895). Découvertes épigraphiques et archéologiques faites en Tunisie (région de Dougga). Paris: Leroux. Bibtex
Desanges, J., N. Duval, C. Lepelley and S. Saint-Amans, ed. (2010). Carte des routes et des cités de l’Africa à la fin de l’Antiquité d’après le tracé de Pierre Salama. Turnhout. Bibtex
de Vos, M. and R. Attoui (2013). Rus Africum. Tome I: Le paysage rural antique autour de Dougga et Téboursouk: cartographie, relévés et chronologie des établissements. Bibliotheca Archaeologica, 30. Bari: Edipuglia. Bibtex
Espérandieu, É. (1890). «Inscriptions romaines de Kef, de Teboursouk et des environs». In: Bulletin Archéologique du Comité des Travaux Historiques et Scientifiques, pp. 463-88. Bibtex
Graueb, A., G. Camps, M. Hrabi-Riahi, A. M'Timet and J. Zoughlami (1987). Atlas préhistorique de la tunisie 5. Roma: Ecole française de Rome. Bibtex

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